About Michel Chiha

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Return to Lebanon

In 1919, Michel Chiha returned to Lebanon and took over the running of the Pharaon and Chiha Bank at one of the most difficult times in his country’s history. A nationwide famine had decimated a quarter of the population and one-fourth of the country’s homes were in ruins.

“After a period of distraction lasting eight days, I have finally recovered enough of my wits to pen you this letter. How changed everything is! (the city) feels like a ghost town; ruins, sadness, and silence everywhere. I want to thank you for your support during my exile and for the comfort you offered throughout good times and bad. I miss your company and hope you will visit us this summer. The mountains are unchanged but for the absence of so many of its residents. I would be grateful to you if you would keep an eye on Ernest. I look forward to hearing from you soon and forgive any silence on my behalf as we can’t all be like you. I have a lot on my plate at the moment and will need rest and recuperation. Please give my best to your parents and sisters. I have very fond memories of their generous hospitality. I look forward to hearing from you very soon…”

Michel

Letter to Hector Klat dated Beirut March 28th, 1919.

 

 

Après huit jours d’égarements je retrouve ma tête pour t’écrire. Comme tout est changé ici! On dirait une ville morte: des ruines un peu partout, de la tristesse et du silence.

Mon ami, je viens te dire toute mon affection pour toi et ma gratitude pour le réconfort que j’ai puisé dans ton amitié pendant l’exil. Tu as été pour moi le camarade de toutes les heures dans la peine et dans la joie. Ton souvenir est indissociablement  lié à ma vie. Sache donc qu’il m’en coûte beaucoup d’être loin de toi et que j’éprouve le besoin de te revoir. J’espère que tu viendras chez nous cet été. Le ciel d’ici est toujours bleu et la montagne n’a rien perdu de son charme; il est vrai que je la regarde à distance car la montagne est à peu près dépeuplée; mais la lumière qui la baigne est intense et tu aimes la lumière.

Faut-il que je te recommande Ernest? Il est de ceux à qui il sera pardonné parce qu’ils ont beaucoup aimé. Entoure le de ta tendresse jusqu’au moment de son retour. Je t’en serai gré tout particulièrement.

Ecris-moi souvent je t’en prie et longuement. Fais-moi crédit surtout si je suis moins régulier que toi pendant quelques semaines. Il n’est pas donné à chacun d’avoir ton indulgence sereine.

J’ai beaucoup de besogne dans un moment où il me faudrait du recueillement et du repos. Présente mes hommages à M. & Madame Klat, et à Mesdemoiselles tes sœurs. Je garde le souvenir ému du bienveillant accueil qu’ils m’ont toujours fait.

Je te quitte, mon ami, dans l’espoir d’avoir de tes nouvelles bientôt.

Je t’embrasse de tout cœur. A toi                                                                                                                                                                                          Michel

J’attends un mot d’Ernest et de Michel à qui j’ai écrit.                                                                                                                                                                Michel Chiha, Beyrouth.

Lettre à Hector Klat, Beyrouth, le 28 Mars 1919.

Mon bien cher ami

J’ai reçu votre lettre et je vous sais gré d’avoir pensé à m’écrire. Loin de désespérer d’avoir de vos nouvelles, je me disais: le docteur doit être pris par ses nombreuses occupations! Il se surmène peut-être comme c’est sa coutume et je vous louais d’être un homme de devoir. Ainsi j’avais la foi et j’attendais patiemment de bénéficier d’une de vos heures de loisir. Je ne me trompais pas puisque vous voyagiez et qu’aussitôt rentré à Tartous vous m’avez adressé la bonne lettre que j’ai sous les yeux en ce moment. Je suis heureux de vous savoir bien portant, mon cher ami, et je vous fais mes compliments pour l’excellente besogne que vous accomplissez et pour les résultats que vous avez obtenus jusqu’ici. Si nous avions beaucoup de patriotes de votre trempe nos affaires laisseraient moins à désirer et notre atmosphère serait moins lourde.

Que puis-je vous raconter de ce qui se passe au Liban. Vous savez qu’on a octroyé une commission administrative, passablement terne, que nous n’avons pas accueillie d’enthousiasme.

Notre administration est rouillée dans son ensemble et c’est miracle que nous n’ayons pas plus de gâchis. On prodigue la maxime du “laissez faire-laissez passer” chère aux économistes d’il y a cent cinquante ans. Bref, la situation n’est guère brillante mais, étant optimistes par principe, nous sommes quelques-uns à réagir contre le malaise et à conserver notre confiance comptant toujours sur nous-mêmes, sur la France et sur l’avenir.                                                                                                                    Michel Chiha

Lettre adressée au Dr Mahfoud, médecin de la famille, Beyrouth, le 12 Novembre 1920.